Valery Karpin, sélectionneur de l’équipe nationale russe de football et du Dynamo Moscou, a récemment été confronté à une question qui a suscité de vives discussions parmi les supporters : qui, dans le football russe, pourrait être comparé au légendaire Pelé ? L’attaquant brésilien, triple champion du monde et icône mondiale, est considéré par beaucoup comme le plus grand joueur de l’histoire du football. La réponse de Karpin fut brève mais révélatrice. « Je ne sais pas. Dzyuba est le meilleur buteur », a-t-il répondu en souriant.
Sa remarque faisait référence à Artem Dzyuba, l’un des attaquants russes les plus prolifiques de l’ère moderne. L’attaquant de 36 ans, reconnu pour sa puissance, ses qualités aériennes et son leadership sur le terrain, a régulièrement figuré parmi les meilleurs buteurs de la Premier League russe. Le total de Dzyuba s’élève actuellement à 240 buts en carrière, un chiffre impressionnant pour le pays, bien que loin des 1 281 buts légendaires de Pelé. Bien que la réponse de Karpin soit en partie humoristique, elle souligne également une vérité indéniable : la Russie a produit de nombreux footballeurs talentueux au fil des décennies, mais aucun n’a atteint la stature mondiale ou les records de Pelé.
Pour comprendre pourquoi cette question a résonné avec autant d’intensité, il faut considérer l’impact monumental de Pelé sur le football mondial. Né Edson Arantes do Nascimento en 1940, l’attaquant brésilien, issu de modestes débuts, est devenu l’emblème du football. Au cours de ses deux décennies de carrière, il a marqué plus de 1 200 buts, remporté trois Coupes du monde (1958, 1962 et 1970) et transformé le football en un spectacle planétaire. Pelé était plus qu’un simple buteur : il était un symbole de joie, de créativité et de résilience. Ses performances pour Santos et l’équipe nationale brésilienne ont redéfini le métier de footballeur. Même des décennies après sa retraite, son influence continue d’inspirer des générations de joueurs à travers le monde.
Lorsque les journalistes demandent aux entraîneurs ou aux joueurs de comparer des athlètes actuels à Pelé, il s’agit souvent davantage de comprendre la culture footballistique d’un pays que d’établir une comparaison littérale. Pour la Russie, pays à l’histoire footballistique fière mais mouvementée, la question est plus vaste : qui a incarné l’esprit de grandeur, la constance et le charisme de Pelé ?

Le choix de Karpin pour Dzyuba témoigne d’une appréciation de la persévérance et du leadership dans un paysage footballistique souvent en difficulté pour la reconnaissance internationale. La carrière d’Artem Dzyuba a été marquée par sa résilience, sa longévité et sa capacité à performer sous pression. Né à Moscou en 1988, il a débuté son parcours professionnel au Spartak Moscou, où il est progressivement devenu l’un des attaquants les plus fiables du pays. Au fil des ans, il a joué pour des clubs tels que Rostov, le Zénith Saint-Pétersbourg et le Lokomotiv Moscou, se forgeant une réputation de buteur puissant, doté d’un excellent positionnement et d’une excellente finition.
C’est au Zénith qu’il a connu son âge d’or, où il est devenu non seulement un buteur régulier, mais aussi un leader charismatique. L’association de Dzyuba avec l’ailier Sardar Azmoun a permis au Zénith de dominer le football russe pendant plusieurs saisons, remportant plusieurs titres de champion et coupes nationales. Ses performances en Ligue des champions ont également prouvé qu’il pouvait concourir à un niveau international supérieur.
Le commentaire de Valery Karpin reflète non seulement l’humour, mais aussi un réalisme profond quant à la situation actuelle du football russe. En tant que sélectionneur de l’équipe nationale et manager du Dynamo Moscou, il connaît parfaitement les forces et les limites des joueurs locaux. Si la Russie a produit des joueurs techniquement doués – d’Oleg Blokhin et Igor Belanov à l’époque soviétique à Andreï Archavine et Alexandre Mostovoï ces dernières années –, le pays manque toujours d’une figure ayant atteint l’influence mondiale de Pelé. L’isolement politique, les limitations des championnats nationaux et les contraintes économiques ont contribué à ce fossé.
Cependant, les propos de Karpin soulignent également un point culturel essentiel : le football russe valorise le travail acharné et la loyauté autant que le flair et le sens du spectacle. En ce sens, la carrière de Dzyuba, marquée par la persévérance malgré les critiques, les revers et la réinvention, reflète l’esprit sportif russe. Sous la direction de Karpin, l’équipe nationale russe a mis l’accent sur la discipline, le travail d’équipe et le développement à long terme. Son approche pragmatique vise à bâtir une culture footballistique durable, capable de produire de futures stars. S’il ne voit peut-être pas encore de « Pelé russe », sa mission est de créer un environnement propice à l’émergence d’un tel talent.